Vie en camion, vanlife : ne pas oublier d’où l’on vient

Derrière l’image léchée de la vanlife moderne se cache une histoire bien plus ancienne, souvent méconnue, faite de routes, de luttes, de saisonniers et de communautés alternatives.

Une touche de Californie, une grosse dose d’oubli

La « vanlife », telle qu’on la connaît aujourd’hui — esthétiques léchées, couchers de soleil, vie minimaliste en van aménagé — puise certes une partie de ses racines dans la contre-culture américaine des années 60-70. À l’époque, les hippies sillonnent les États-Unis à bord de vans Volkswagen, en quête de liberté et de rupture avec la société de consommation. Cette image a été recyclée et modernisée à l’ère des réseaux sociaux, devenant un lifestyle à part entière.
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Mais en France, l’histoire est toute autre — et bien plus ancienne.

Vivre en camion : une culture ancrée dans les marges

Bien avant que les hashtags #vanlife ne fleurissent sur Instagram, des milliers de personnes en France vivaient déjà dans des camions, des bus ou des fourgons aménagés. Saisonniers, punks à chien, artistes itinérants, néo-ruraux, personnes en rupture ou en quête d’autonomie : tous ont fait de leur véhicule un mode de vie. Pas par mode, mais par choix, nécessité, ou revendication.
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Ces personnes vivent souvent en collectif, sur des terrains partagés, dans des campements ou au gré des routes. On les trouve dans les ZAD, sur les parkings de stations de ski l’hiver, dans les vergers ou les vendanges l’été, près des marchés artisanaux ou de festivals alternatifs.

Vanlife et vie en camion : deux mondes différents

Si la vanlife telle qu’elle est médiatisée prône une forme de liberté, elle est aussi souvent marquée par un fort investissement financier : véhicules neufs, aménagements design, équipements high-tech. Elle peut ainsi donner une image très lisse et dépolitisée du nomadisme.

À l’inverse, la vie en camion “à l’ancienne” est souvent rustique, autogérée, solidaire, résiliente. Elle s’inscrit dans une culture alternative, bien éloignée de la logique de performance et d’image. Beaucoup de gens qui vivent ainsi ne se reconnaissent pas du tout dans la vanlife d’Instagram, qu’ils considèrent comme une récupération esthétique vidée de son sens.

Camion aménagé solaire autonome pour expédition en Afrique

Ne pas oublier, ne pas mépriser

Ce qu’on appelle aujourd’hui « vanlife » ne serait pas ce qu’il est sans l’héritage discret mais profond de la vie en camion. Respecter les origines, c’est aussi respecter ceux qui ont ouvert la voie :
- Ceux qui vivent depuis 20 ans sur la route sans wifi ni panneau solaire.
- Ceux qui bricolent leurs camions avec trois bouts de bois et beaucoup d’ingéniosité.
- Ceux qui vivent en collectif, en ZAD, en marge, et qui, sans le savoir, ont inspiré un mouvement mondial.

Il est temps que les amateurs de vanlife prennent conscience de cette histoire, et rendent hommage à celles et ceux qui vivent la route sans filtre. Car la liberté ne se vit pas toujours en story, mais souvent en silence, sous la tôle d’un vieux Mercedes 508 ou au coin d’un feu partagé.